Je profite de la sortie du troisième et dernier DLC de Stranger of Paradise : Final Fantasy Origin ce vendredi 27 janvier 2023 pour publier cet article originellement écrit pour être le script d’une vidéo que je n’ai jamais enregistrée. Il a été écrit fin mars / début avril 2022 juste après que j’ai terminé le jeu, n’a été que légèrement modifié, et ne prend donc pas en compte mon avis sur les DLC (que je peux résumer par « pour et total gachis, ne gaspillez pas un centime pour ça »)
Stranger of Paradise : Final Fantasy Origin est un bon jeu, celui auquel j’ai préféré joué l’an dernier, et vous devriez lui laisser une chance.
Voilà, en substance, la version extrêmement résumée de cet article.
C’est pourtant un jeu qui part avec beaucoup de choses contre lui, à commencer par un reveal absolument catastrophique à l’E3 2021 ayant donné naissance à des memes moqueurs, couplé à une démo cassée dans ses premières heures de diffusions, une direction artistique discutable et une technique générale indigne d’un jeu sortant en 2022, encore plus avec le nom « Final Fantasy », habituellement synonyme d’une certaine excellence (et ce d’autant plus que le jeu est bien moins beau qu’un certain Final Fantasy VII Remake, sorti bien avant)Lorsque j’ai lancé le jeu pour la première fois, c’était à la démo de l’E3 2021… et c’était honnêtement pour participer au fun et m’en moquer.
Et puis… et puis il s’est avéré que le gameplay, le cœur du gameplay, ce qui fait de ce jeu un jeu, était… vraiment bien.
Stranger of Paradise Final Fantasy est un jeu d’action « à la Dark Souls », ou plutôt, faudrait-il dire, parce qu’il n’est pas développé en interne par Square Enix mais par la Team Ninja « à la Nioh ».
Nioh, c’est le nom de ces deux jeux sortis en 2017 et 2020 mettant en scène des samurais et héritant beaucoup des Souls, mais en plus nerveux et dynamiques, et… Nioh 1 est un jeu que j’ai quitté de rage, tellement ses limitations m’ont ruiné l’expérience.
Et il y a plein de points sur lesquels Stranger of Paradise est clairement un héritier des Nioh. Les niveaux ne sont pas connectés les uns aux autres, et sont quasiment des lignes droites jusqu’au boss de fin de niveau. L’overworld est une blague, un simple plan sur lequel on choisit des missions. Le loot est omniprésent et inintéressant. Le jeu est bourré d’interminables tutoriels aux explications trop compliqués.
Mais surtout, même l’histoire, pourtant produite par Tetsuya Nomura et Kazushige Nojima, semble avoir pris un coup via son intégration dans cet univers… et on arrive à mon sens au premier vrai gros point de friction pour les fans de Final Fantasy.
Pour 80% de sa durée, en effet, Stranger of Paradise : Final Fantasy Origin est un nanar.
Pas un jeu à mauvaise histoire hein, bien un « nanar ». Le genre de jeu avec des répliques improbables que vous regardez pour rire entre potes.
Les dialogues sont improbables jusqu’à l’absurde. L’obsession pour Chaos de Jack est en fait parfaitement partagée par ses compagnons. Jack n’est pas seulement un héros peu bavard, il tente désespérément de faire taire tous ceux qui veulent lui parler, que ça soit ses compagnons de route ou même les divers monstres qu’il croise. Il est véritablement à un fil de briser le quatrième mur et de vous dire à vous, joueur, de vous décider à passer les cinématiques.
Ce n’est pas forcément un problème, tant qu’on s’y attend, mais ça pose un problème de ton qu’il est compliqué d’ignorer. On est aux « origines » de Final Fantasy, la grande et prestigieuse série de JRPG qui vient de fêter ses 35 ans, bordel !
Et puis, en prenant le contrôle de Jack, tout change.
Petit détour. Parmi les systèmes mécaniques marquantes de la série Final Fantasy, il y a le système de jobs. Il n’est pas présent dans tous les jeux, mais l’idée générale est qu’un personnage peut avoir plusieurs jobs, qu’on peut résumer en « classe de personnage », et avoir, selon les circonstances, des talents différents. Guerrier, mage noir, soigneur, voleur… vous voyez le tableau.
Ce système est présent dans bien des Final Fantasy de manière différente, mais une cinématique en particulier m’a vendu du rêve : Celle de Final Fantasy XIV : Shadowbringers. On y voit le héros changer de job à la volée en combat, et passer successivement d’archer à guerrier, dragoon, moine, samouraï et enfin chevalier noir pour combattre un terrible ennemi.
Sauf que dans FFXIV, on ne peut pas changer de job en combat.
Mais que c’est sur ce principe central que repose l’action de Stranger of Paradise.
Et. Quel. Pied !
C’est un jeu riche et nerveux, plein de bonnes idées. Il a 27 jobs différents. 27. Est-ce que ça veut dire qu’il y a 27 gameplay différents ? Non, mais ça veut dire que sur 6 jobs basiques (chacun associé à une arme), il y a une tonnes de variations qui rendent l’expérience de jeu absolument incroyable.
On part de l’épée à deux mains vers l’épée à une main, les poings, la lance, le baton de mage et les poignards de dueliste. Chacune de ces armes a ses spécificités, ses latences, ses attentes, ses animations différentes. Par dessus, chaque job rajoute sa subtilité. Le mage blanc pourra soigner ses alliés, le mage noir balancer des sorts puissants et le dragoon bondira vers les ennemis, évitant les obstacles sur son passage. En faisant évoluer les compétences, on débloque de nouvelles capacités de combo.
La baston est fun et dynamique, remplie de finishers cool (le jeu n’est pas beau techniquement mais dur de ne pas apprécier le taff sur leur chorégraphie et les impacts), et dispose d’un système que je trouve absolument génial permettant de récupérer certaines capacités ennemies en réussissant des gardes parfaites. Et si c’est trop compliqué pour vous, la capacité spéciale d’un des jobs, le voleur, permet justement de voler ces capacités !
Et ça s’enchaîne. Le mage noir dispose d’une mécanique lui permettant de sacrifier une partie de ses points de magie maximum pour lancer atomnium. Une classe avancée permet d’infuser un élément sur les armes de Jack pour viser spécifiquement les faiblesses des ennemis. Le sage, job de mage avancé, peut caster Ultima, pour peut que le joueur réussisse à remplir les conditions demandées par le jeu.
C’est. Un. Festival. C’est fun, c’est dynamique, ça bouge bien, et ça réussit à faire ce que Nioh ne faisait pas : Se renouveler suffisamment, dans ses environnements, pour qu’on n’ait pas l’impression de répéter la même chose ad nauseam.
Enfin… presque.
Car il faut se l’avouer : Arrivé au bout de ce Stranger of Paradise, je dois bien admettre plusieurs choses : Le bestiaire était au final assez limité. Les niveaux, rendant chacun un hommage aux autres Final Fantasy numérotés, étaient certes sympathiques, mais souvent pas fabuleusement inspirés, et… j’ai la sensation qu’on aurait pu, voire dû en avoir plus.
Et cette histoire, que je vous disais nanardisante ? Elle se transforme dans son dernier cinquième en véritable histoire de Final Fantasy, faisant presque honneur à son titre… mais le changement de ton est brutal, et il est dur d’ignorer, si on doit la prendre au sérieux, comme elle est confuse et mal racontée.
Pour autant… j’aimerais tant que tout ça ne soit pas qu’un coup d’essai.
On ne peut que se poser des questions au vu de l’état de ce jeu. De sa narration et de son lore, donné par pavés de textes disséminés au travers du jeu. De sa technique. de l’héritage de Nioh.
Mais il y aurait tant à faire en construisant sur cette base ! Avec une narration plus classique ! Un monde, s’il n’est pas complètement ouvert, au moins plus connecté ! Un jeu dans lequel on aurait le loisir d’affronter, à la FFXIV, les grands noms de Final Fantasy, Ifrit Shiva Ramuh et Bahamut, complètement absents de ce jeu !
Je n’exagère pas en disant que je considère Stranger of Paradise : Final Fantasy Origin l’un des jeux d’action au meilleur gameplay que j’aie jamais joué. Sa capacité à permettre au joueur de personnaliser son expérience à chaque instant, tout en le faisant se sentir puissant, en fait une perle rare… mais ses défauts sont durs à ignorer. J’ai adoré voyager avec Jack et compagnie… mais j’aimerais beaucoup faire l’expérience d’un voyage plus classique, la prochaine fois.
Pourvu qu’il y ait une prochaine fois.
👆 Ceci concluait mon article original. Pour en rajouter un peu aujourd’hui, alors que les DLC ont ramené un ramassis de machins inutiles (pas de nouveaux niveaux mais plus d’armes et de modes de difficultés ! Du grind pour avoir accès à jobs et boss supplémentaires !… merci mais sans moi), une partie de mes espoirs se tournent sur le fun que j’espère trouver via le gameplay résolument action que semble proposer le seizième opus de la franchise. Vivement juin !
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