Si vous êtes sur internet depuis quelque temps et que vous aimez Sonic le hérisson, mascotte de SEGA et héros de jeu depuis bien des années, vous connaissez probablement le Sonic Cycle.
Le « Cycle Sonic » donc, c’est la manière dont internet s’est mis à parler de la grandeur et de la décadence des jeux Sonic depuis… en gros, leur passage en 3D. Des jeux 2D cultes qui rivalisaient avec Mario aux grands échecs dont le plus gros symbole est probablement Sonic 2006.
À l’annonce d’un nouveau Sonic, les fans sont enthousiastes de voir un jeu qui semble se rapprocher de leur vision idéale de ce que doit être ce genre de jeu, avec de la vitesse, de la plate-formes, des sensations… puis plus d’informations sont révélées, les amis de Sonic sont de retour, avec eux des phases de jeu au gameplay semblant bien discutables… et enfin, à la sortie du jeu, les espoirs se révèlent bel et bien déçus, le jeu est assassiné par la critique, et la seule chose que les fans attendent… c’est le prochain jeu, qui réveillera à nouveau leurs espoirs.
(Bon, en vrai, c’est super caricatural, il y a eu des jeux Sonic récents et plutôt bons, mais partons de cette thèse)
Eh bien… je me dis que peut-être que si le film Sonic m’est plutôt sympathique, c’est parce qu’il a réussi à briser ce cycle…
En détruisant d’emblée toutes les attentes des fans.
Je veux dire. Bon. Déjà. Il faut parler du design qui a été révélé avec le premier trailer.
Inutile de trop en rajouter hein. Il était hideux, voilà.
Ensuite, le synopsis.
L’histoire du hérisson bleu le plus rapide du monde qui arrive sur Terre, sa nouvelle maison. Sonic et son nouveau meilleur ami Tom font équipe pour sauver la planète du diabolique Dr. Robotnik, bien déterminé à régner sur le monde entier.
(Synopsis officiel français)
Je veux dire, voilà quoi. Le design associé à « son nouveau meilleur ami Tom » avait de quoi faire perdre toute foi en ce film au fan le plus absolu. Plus, ça fait pleurer son ancien meilleur ami Tails.
Je suis un « fan » de Sonic. Il y a bieeeen des années, je tenais un fansite dans lequel je faisais part de mon excitation au sujet de la future sortie de Sonic Heroes (2004, oui, je suis vieux). J’aime les jeux Sonic, y compris ceux qui sont moins appréciés par la critique (j’ai passé un bon moment sur le dernier Sonic Forces par exemple), mais ce que je voulais voir d’un film Sonic n’était certainement pas « mascotte mignonne à pouvoirs fait copain copain avec un humain regardez comme c’est drôle », mais plus une aventure de Sonic dans son monde. Un truc plus comme les 2 OVA sorties en 1996
J’ai donc fait le deuil du film Sonic.
Et puis…
Le nouveau design a été annoncé. J’ai continué à l’ignorer. Le film est sorti. J’ai continué à l’ignorer. les critiques étaient pas si dégueulasses. Avec un an de retard, je l’ai découvert.
Et j’ai été agréablement surpris.
Qu’on ne s’y trompe pas : C’est bel et bien un buddy movie parfois un poil gênant entre un humain et une mascotte mignonne… Mais il fonctionne très bien.
Surtout, c’est un film qui sait pourquoi les spectateurs sont là : Voir Sonic. Et… en fait, la raison pour laquelle le film fonctionne est simplement, avant tout parce qu’il a correctement compris le personnage de Sonic (ce qui est difficile à croire, je sais, quand on voit le design original du hérisson). Sonic est basiquement un adolescent surexcité, vantard mais au grand cœur, ce qui rend très facile de le rendre… absolument insupportable.
Or, ce film réussit à en faire un personnage sympathique, et ce sans abuser de bons sentiments et des personnages humains.
Les humains, parlons-en. Le film… n’en abuse pas trop, mais tout de même. Sonic tombe constamment dans les vapes pour leur permettre d’être à l’écran, et… ils sont assez génériques, mais aussi assez sympathiques… et effacés pour ne pas être insupportables.
Enfin, parlons de Jim Carrey, AKA Dr Robotnik, AKA Eggman. Déjà… l’acteur s’amuse comme un fou dans le rôle, c’est assez clair, et sa performance, notamment sur quelques scènes où il est en solo, est clairement réjouissante… mais il est assez difficile de ne pas noter que le personnage est amené dans l’histoire avec la subtilité d’un rouleau compresseur, comme si personne dans le staff n’avait voulu assumer l’apparition d’un « savant fou ». Robotnik est donc un agent du gouvernement, profitant ici de sa propre origin story… complètement inintéressante. Et c’est en fait un peu dommage, parce que s’il fonctionne effectivement comme il faut face à Sonic, tous ses dialogues avec d’autres personnages humains le rendent plus agaçant qu’amusant.
Reste que cet antagoniste vraiment très très méchant (etdont l’objectif, contrairement à ce prétend le synopsis, n’est absolument pas la conquête du monde) permet à Sonic de s’en donner à cœur joie. Car le film comprend plusieurs choses correctement : Sonic doit courir vite (✅), en faisant des blagues (✅) et s’en vantant (✅), tabasser des robots de Robotnik (✅) et enfin finir celui-ci dans un digne combat de boss en tapant à répétition contre le robot qu’il contrôle (✅). Oui, c’est bête, mais rien que remplir cette check-list, réaliser correctement les quelques bastons et courses poursuites, et copier (plusieurs fois) les séquences de courses de Quicksilver dans X-Men suffit à rendre l’action du film agréable à suivre.
Et par conséquent, il faut admettre que Sonic le film est… ben une réussite en fait. Produire un film Sonic sympathique en partant du pitch « Sonic et son nouveau meilleur ami Tom » qui semble avoir été pondu par un stagiaire marketing, c’était pas gagné. Ça avait même été déjà planté par Sonic X (dont le générique est fabuleux, mais Sonic a un autre nouveau meilleur ami, Chris, qui est insupportable), et je dois dire que j’attends avec une relative impatience Sonic 2, dans lequel Tails est déjà annoncé.
Et Sonic 3 & Knuckles. Le troisième film DOIT s’appeler Sonic 3 & Knuckles. Tout comme le jeu original en son temps. Hollywood. Écoute les fans.
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